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Difficile de supporter cette fatigabilité ! Il y a quelques jours, je n'ai pas réussi à finir de rembobiner les vingt-cinq ou trente mètres de tuyau que j'ai laissé traîner au sol depuis l'automne, après l'avoir utilisé pour arroser les carrés potagers avec l'eau des cuves de récupération d'eau de pluie, puis pour vider celles-ci cet hiver, juste avant le gros coup de froid. L'herbe, en repoussant, avait enserré le tuyau par endroits, et forcer sur la manivelle de l'enrouleur ne suffisait pas pour le faire glisser, il fallait aller le décoincer là où les petites mains des herbes le retenaient, et j'ai craqué à la moitié.
Enfin, le soleil est revenu, ce qui fait du bien au moral, mais ça veut aussi dire plein de travaux que je ne suis pas en mesure de faire et que je dois déléguer en très grande partie (en quasi totalité, devrais-je dire !) à mon épouse.
J'ai aussi voulu désherber, l'humidité et la température douce de ces derniers temps ayant beaucoup plu aux plantes, surtout aux adventices (il paraît qu'il ne faut plus dire "mauvaises herbes" !). Je n'ai pas tenu cinq minutes, à me pencher et me relever. Et quand je pense aux efforts que je vais avoir à faire pour remuer le contenu des deux composteurs, après qu'on y ait ajouté des tontes de gazon et des branchages taillés il y a quelques mois et enfin broyés, j'en suis déjà épuisé. Je n'ose imaginer comment je vais pouvoir m'y prendre pour déraciner le gros pied de myrtilles mort de soif l'été dernier !
Fatigué de cette fatigabilité !
Hier, mon IRM était prévue dans l'après-midi. Lundi, je me suis présenté au cabinet infirmier à l'ouverture : bondé ! Alors, j'ai décidé de faire faire ma prise de sang à domicile mardi matin. Les résultats sont arrivés dans l'après-midi : stabilité de l'anémie et de l'insuffisance rénale, légère augmentation des gamma-GT et surtout des phosphatases alcalines. J'espère que mon oncologue m'expliquera ce que ça signifie.
Stressé par la perspective de cette IRM comme je le suis dans celle du scanner prévu pour mercredi prochain : va-t-on trouver des anomalies ? Vais-je repartir dans des semaines ou des mois de traitement ? Y aura-t-il une explication intracrânienne à ces troubles de la vue ? Qu'est-ce qui fait que mes lombaires craquent quand je me penche pour m'habiller ou me déshabiller, et me paraissent en même temps si enraidies alors même que j'en souffre moins depuis quelques mois. Le scanner nous apprendra-t-il aussi pourquoi les douleurs costales basses postérieures à droite sont revenues ? Compression hépatique ou rénale par le colon lui-même douloureux ? Souffrance articulaire ? Et ces douleurs et cette paresse coliques devenues permanentes ? J'avais cru que la diminution de la dose du traitement antiarythmique aller régler ce problème, mais je me suis trompé.
Dans la nuit d'avant-hier à hier, j'ai mal dormi. Pourtant, je ne me souviens pas avoir pensé à tout ça. Au lever, j'ai eu droit à ma bonne crise de colite et je me suis bien allégé, mais pour autant, les douleurs n'ont pas disparu, elles étaient encore là cette nuit (où j'ai cependant mieux dormi) et sont toujours là ce matin. Quand je suis arrivé au centre d'imagerie, je n'ai pas eu le courage de monter à l'étage par l'escalier, j'ai pris l'ascenseur. Pourtant, j'avais eu l'immense chance de trouver à me garer juste devant le centre, à moins de cent mètres du bâtiment.
Levé un peu après 7 heures ce matin, j'aurais pu — j'aurais dû — prendre mes appareils photo et profiter du soleil déjà levé pour aller faire quelques photos du village, de sa plaine et de ses collines, en attendant de me décider à aller en faire de l'intérieur du village pour alimenter un site web dont je ne sais où il va : un brin d'histoire du village, quelques références historiques, et des photos. Mais il est tellement plus facile de rester scotché sur le fauteuil de bureau que d'aller marcher !
Pourtant, la campagne est belle en ce moment, avec le retour du soleil et de la chaleur. Les cerisiers sont en fleurs, il y en a apparemment un plein champ au-dessus du village. D'autres arbres (d'ornement ?) fleurissent d'un rose soutenu dans le petit parking au pied de l'ancien couvent. Les arbres de Judée n'ont pas encore commencé, eux, mais ils ne sauraient tarder. Dans le village et aux alentours, sur quelques murs de pierre fleurissent d'énormes pieds de campanules ou d'aubriètes, et des giroflées. Et dans la campagne, disséminés un peu partout aux flancs des collines, des arbres isolés fleurissent blancs. Peut-être des prunus blancs, comme celui de notre voisin qui a déjà fini de fleurir depuis quelques jours ? Un camaïeu de verts, les touches blanches de ces arbres, roses d'autres, jaunes des forsythias, les blancs, bleus et violets des lilas qui démarrent. Dommage qu'un léger voile atmosphérique estompe tout ça au loin. Il faudra que j'essaie un filtre.
Ah oui, mon IRM est normale, m'a dit le radiologue. Ce qui veut dire qu'aucun signe d'hypertension et/ou de tumeur intracrânienne n'a été décelé pour expliquer mes troubles visuels ! Tant mieux d'un côté, pas de métastase, mais de l'autre, c'est toujours le gros point d'interrogation pour ces troubles de la vue. Ce matin, je ne me souviens pas avoir ressenti de gêne de l’œil droit par sécheresse, comme c'est habituellement le cas, mais il y a toujours cette sensation bizarre et désagréable à son niveau. Au contraire — est-ce la conséquence des kilomètres faits hier pour aller passer mon IRM ? — j'ai les conjonctives irritées et l'impression de trop de larmes, avec de nouveau ce gel presque opaque aux coins des yeux, qu'il faut régulièrement essuyer. Les corps flottants me gênent beaucoup en ce moment, aux deux yeux, en plus du reste... Encore près de deux mois à attendre avant de pouvoir avoir l'avis (et un traitement efficace ?) de mon ophtalmologue !
Et puis de nouveau mercredi et le lundi suivant, des kilomètres à faire pour le scanner et la consultation chez le cancérologue...
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Trop de mots venaient pour ce titre ! Déboussolé est peut-être le plus explicite. "Sonné", aurais-je pu ajouter... Je repense à l'ophtalmo qui évoquait une rémission, il y a un peu plus de deux mois...
Il y a une dizaine de jours, l'inquiétude dont j'avais parlé s'est justifiée : le scanner a mis en évidence un ganglion ayant pris de l'ampleur au sommet de la loge de résection du poumon gauche, derrière la clavicule, au contact des vaisseaux. Rien n'a été décelé ailleurs, alors que je craignais que les douleurs coliques et lombaires droites pourraient révéler quelque chose d'anormal à ce niveau.
La question immédiate, et c'est celle qu'a, bien sûr, posée le cancérologue vu lundi passé, est de chercher à savoir si cette lésion est isolée comme le suggère le scanner, ou associée à des métastases à distance. Pour cela, il me faudra faire un TEP scan dans huit jours, le lundi 14 mai. À l'heure où j'écris, dans huit jours je serai fixé !
Tout incident me fait maintenant me poser des questions ! La voix brusquement cassée il y a deux jours au téléphone, ou ce matin après le petit déjeuner ? Une légère douleur inhabituelle à la face interne du bras gauche hier. Toujours cette douleur colique droite accompagnée par son pendant dans la gouttière lombaire ? Cette anesthésie de la face externe des cuisses dont j'ai déjà parlé : lésion rachidienne ? Bref, il y a de quoi devenir hypochondriaque !
Si j'ai bien compris ce qu'a dit le cancérologue, une lésion localisée pourra être traitée par de la radiothérapie dès le 24 mai. Si d'autres localisations sont trouvées, il ne serait a priori pas possible de faire de radiothérapie et il faudrait alors passer à une chimiothérapie différente de celle initiée il y a deux ans, et peut-être, si de nouvelles analyses faites sur la tumeur montrent que ce pourrait être efficace, de l'immunothérapie. Je n'ai pas compris (ou retenu) si l'une de ces deux autres thérapeutiques (ou les deux) pourrait ou devrait être associée à la radiothérapie. Mon dossier passera de nouveau en commission de concertation d'ici au 23 mai.
Bref, quel que soit le résultat du TEP scan, je suis reparti pour au moins toute une série de séances de radiothérapie, et donc de déplacements réguliers jusqu'au centre, cinq jours par semaine ! Si cette radiothérapie n'est pas possible, ce sera pire avec probablement la remise en place d'un Pic-line ou d'un Port-a-cath pour les injections, à moins qu'une chimiothérapie par comprimés soit possible, et des hospitalisations probables.
Sidéré, ai-je dit ! Moi qui, déjà, me sens paralysé et incapable d'entreprendre certains projets lorsque je suis en attente d'autre chose (certes, j'ai pu trouver le courage d'aller chercher du bois — juste l'aller-retour, sans traîner une minute de trop — et de découper et monter un petit meuble destiné à recevoir les épées Star Wars des petits-enfants de mon épouse), je suis plus bloqué que jamais pour les autres projets dont j'ai déjà parlé, je crois : notamment scanner les vieux négatifs qui attendent à portée de main sur mon bureau, de nouveau photographier mes collections de stylos, couteaux, appareils photo et compléter les sites qui en parlent, monter enfin les maquettes qui vieillissent dans leurs boîtes... m'occuper un peu du jardin. J'attendais que le temps s'améliore pour passer le désherbeur thermique : la température il y a quelques instants était de 26° à l'ombre, un peu trop chaud maintenant pour le passer ! Alors, plus tard dans l'après-midi ? Demain, après-demain ??? C'est tellement plus facile de remettre à après-demain ce qu'on pourrait faire demain...
Les choses évolueront-elles favorablement, sans autant d'effets secondaires que ma chimio d'il y a deux ans ? Me laisseront-elles m'organiser pour mener à terme ces différents projets ou serai-je contraint de rester au lit ou au fauteuil, sans pouvoir faire que lire, écouter de la musique ou regarder des vidéos sur une tablette ?
Bref, vous l'aurez compris, avec l'expérience malheureuse de la chimio il y a deux ans et les séquelles que j'en garde, je ne suis pas serein ! Mais je sais que tout est déjà joué et qu'il faut attendre de savoir ce que m'a fait comme mauvais coup ce crabe afin de pouvoir riposter.
Le verdict de l'examen sera-t-il relativement favorable ou pas ? Ces huit jours à venir vont être interminables !
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Soulagé... Oh, un peu seulement ! Le TEP scan passé avant-hier au nord de Lyon a été une épreuve : parti de la maison en taxi à 12h45, j'étais juste à l'heure pour mon rendez-vous à 14h30 (encombrements lyonnais obligent). La partie administrative réglée, je n'ai eu à attendre que quelques minutes avant qu'un manipulateur vienne me chercher. Contrairement à ce qui s'était passé à Valence lors de mon premier TEP scan, je n'ai pas rencontré le médecin avant de passer dans la salle où devait être mise en place la perfusion en attente de l'injection du produit radioactif. J'ai confié au manipulateur les documents que j'avais apportés, puis il m'a piqué par deux fois et sans succès pour placer cette perfusion, préférant ensuite faire appel à un de ses collègues qui a pu reprendre la veine piquée il y a quelques semaines pour la prise de sang et l'IRM.
Il ne s'est guère passé de temps avant que le premier revienne pour m'injecter le produit radioactif. Il me fallait maintenant attendre une heure avant que l'examen puisse être pratiqué. J'avais amené des mots-croisés, mais à peine ai-je pu remplir quelques mots que je me suis rendu compte que la perfusion ne passait plus si je pliais, ne serait-ce qu'un peu, mon coude. Il m'a donc fallu renoncer et attendre sans rien faire. Ça m'a paru interminable, mais finalement plus court que ce que je croyais. Mon ventre gargouillait de n'avoir eu que de l'eau depuis le repas de la veille au soir, c'était l'heure de la sieste et je piquais du nez sur le fauteuil, fermant les yeux... Je ne serais pas surpris de m'être endormi quelques instants.
Au bout d'une heure donc, une manipulatrice est venue me demander d'aller vider ma vessie, puis de prendre mes affaires avant de passer en salle d'examen. Là, pas de déshabillage ! Chaussures aux pieds et pantalon simplement descendu sur les genoux, tête coincée dans un cadre en mousse rigide, l'examen a pu commencer : 20 minutes à passer bras au-dessus de la tête, sans bouger... Il était 16h20 lorsque ça a commencé, 16h40 quand j'en suis sorti. Après quelques instants d'acquisition des images, la manipulatrice m'a annoncé que je pouvais baisser les bras pendant qu'elle vérifiait les images. Et au lieu de me sortir du tunnel, elle m'y a laissé. Heureusement, j'y étais moins enfermé que pour l'IRM, mais cette sensation d'enfermement et d'impossibilité d'en sortir seul est très désagréable !
Quelques minutes de patience, qui m'ont paru bien longues, et je pouvais me rajuster, reprendre mes affaires et aller dans la salle d'attente avant que le médecin me donne les résultats. Il était 17h15 lorsque, enfin, il est arrivé pour me dire que le ganglion était bien une récidive et qu'il n'était accompagné que par une petite tumeur proche, sans aucune autre localisation. Il m'a ensuite accompagné au secrétariat pour que la secrétaire mette sous enveloppe CD et documents. Au moment de me les donner, elle m'a dit que le CD me parviendrait plus tard et qu'elle n'avait que le compte-rendu ! Celui-ci comportant un lien avec code pour accéder aux images en ligne, elle m'a rassuré sur la disponibilité de celles-ci, même si le CD se perdait ou tardait à arriver. Je suis donc reparti avec mon chauffeur, un peu contrarié, mais à peine assis dans la voiture, mon téléphone portable sonnait : la secrétaire avait retrouvé le CD que le médecin avait posé sur son bureau... Le chauffeur de taxi est allé en vitesse le récupérer et nous sommes repartis pour arriver à la maison à 19 heures. Plus de six heures de déplacement et attente sur place pour cet examen : long, très long !
Ceci dit, le résultat montrant que la récidive est localisée est partiellement rassurant. Qu'il n'y ait pas de métastase est une bonne chose ! Si j'ai bien compris ce que m'a dit le cancérologue il y a une quinzaine, il sera bien possible de faire de la radiothérapie sur cette zone. Reste à savoir, et je ne le saurai que mercredi prochain, si en RCP il n'aura pas été décidé d'y ajouter de la chimio et/ou de l'immunothérapie.
Je saurai aussi mercredi à quel rythme et pendant combien de temps il me faudra aller jusqu'au centre de radiothérapie pour ce traitement. De nombreux déplacements en perspective !
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Je le craignais et en même temps je m'y attendais : de la chimio !
Ce matin était prévue la consultation avec le cancérologue, avant ce qui devait être, si j'avais bien compris, le scanner dosimétrique demain suivi de la première séance de radiothérapie. Mais je subodorais que les médecins en RCP risquaient fort d'avoir décidé de m'imposer une chimiothérapie, peut-être une immunothérapie, comme j'en avais parlé.
La route a été longue, le parcours prévu a dû être modifié, le pont sur le Rhône entre Tournon et Tain étant presque complètement bloqué. J'ai donc suivi la rive droite du Rhône, avec un nouveau gros ralentissement pour cause de travaux et de circulation alternée un peu plus loin... Résultat, j'étais légèrement en retard : plus d'une heure et cinq minutes pour 54 km !
Heureusement, le médecin était lui aussi un peu en retard. Pendant que j'étais avec sa secrétaire, il est venu lui déposer des documents et en a profité pour récupérer mon TEP scan dont je lui avais déjà transmis le compte-rendu. Puis il a reçu un autre patient avant de s'occuper de moi.
J'ai alors appris que, contrairement à ce que j'avais imaginé, bien que la séquence ait été la même il y a deux ans, on ne commencerait pas par la radiothérapie mais par la chimio. Un protocole avec deux produits différents tout en étant proches de ceux que je n'avais pas supportés. Il m'a parlé de deux heures et demie à trois heures de traitement, toutes les trois semaines, et ce quatre fois, donc un traitement qui, si je le tolère, s'étalera sur un peu plus de deux mois, jusque fin juillet. Il m'a dit qu'il était possible, selon le résultat des examens (biologie, autre ?) qu'on ne fasse que trois séances avant de passer à la radiothérapie, le scanner dosimétrique ne se fera qu'à ce moment-là et pas demain. Il n'a plus été question d'immunothérapie et je n'ai même pas pensé à poser la question.
Reste donc à savoir si je supporterai mieux ces nouveaux produits, sachant que les effets secondaires annoncés sont très proches de ceux des précédents, si j'en crois le document qui m'a été remis.
Je m'attendais à cette chimio, je la redoutais, et en même temps quelque chose me disait que je serais déçu si on ne me la proposait pas. Si une récidive locale se manifeste, des cellules ayant résisté aux deux séances de traitement il y a deux ans, même si le TEP scan n'a rien repéré ailleurs dans mon organisme, la possibilité que d'autres cellules malignes quiescentes existent déjà ici ou là justifie ce traitement, malgré les risques d'intolérance. Bref, je suis à la fois soulagé qu'on fasse le maximum, et inquiet de ce qui va se passer dans les semaines à venir !
Lorsque je suis reparti du centre, seul le jour de la première séance avait été arrêté, ce prochain mardi, la secrétaire n'ayant pas réussi à contacter le service de chimiothérapie pour me fixer une heure. Lorsque je suis arrivé à la maison, un message de ce service sur mon portable me proposait 9h30 et me demandait de confirmer. J'ai appelé et quand j'ai posé la question d'arriver un peu plus tard, la personne que j'ai eue m'a dit que j'en aurais pour environ 5 heures sur place, soit beaucoup plus que ce que m'avait dit le confrère, le premier produit passant en environ 3 heures, après une préparation, le second étant perfusé dans un temps plus court.
Que vais-je faire pendant tout ce temps ? Je n'ai plus guère de veines comme ont pu le constater les manipulateurs lors du TEP scan, et plus de Pic-line. Entre les prises de sang et les cathéters pour les perfusions, ça risque d'être coton !
Il me reste maintenant à passer à la pharmacie prendre ou commander les produits, contacter le cabinet infirmier pour les injections qui seront à faire dès le lendemain des séances, le taxi pour les déplacements, la coiffeuse en prévision de la probable chute de cheveux...
Au fait, j'avais un doute sur la cause de mes épisodes de voix cassée : ils ont été levés, il s'agit bien d'irritation d'un nerf passant à proximité de la récidive...
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J'ai l'impression d'utiliser la méthode Coué ! Mais même si je me mets bien en tête qu'il faut que j'arrive à supporter cette chimio, que c'est le seul moyen pour espérer une rémission, en conjonction avec la radiothérapie à venir, ce sont surtout mes reins, ma moelle osseuse et mon colon qui décideront.
Oui, j'ai trop les souvenirs de ces semaines il y a deux ans où j'avais accumulé les désagréments : thrombose sur le Pic-line, fatigue, septicémie, colite +++, totale inappétence m'ayant cloué au lit, à la maison puis en clinique, avant que peu à peu, les effets néfastes s'atténuant, j'arrive à recommencer à manger et à reprendre des forces.
Deux ans plus tard, il me reste cette fatigue et fatigabilité, ce manque de forces, ces légers étourdissements dont je crains toujours qu'ils se concluent par une chute, cette impossibilité de mener une vie normale, et cette obligation de déléguer trop de choses, moi qui suis depuis toujours habitué à tout gérer moi-même.
En ce moment, j'aurais tant de choses à faire dans le jardin, mais le temps ne m'en a pas laissé le temps ! Comment traiter contre les pucerons ou la pyrale du buis, contre la cloque des pruniers, lorsque pluies et orages sont journaliers ? En ce moment, le tonnerre roule d'un sommet à l'autre...
Histoire de m'occuper l'esprit, l'évacuation de l'évier s'est rebouchée hier. Il y a quelques temps, ça s'était déjà produit, mais le remplissage d'un des deux bacs avec un arrosoir avait suffi à régler le problème en jouant sur la pression. Oh non, ça ne pouvait pas être simplement le siphon comme on le voit dans les spots publicitaires, mais carrément le tuyau, au niveau d'un coude probablement. Dans un premier temps, après un premier essai inefficace avec du déboucheur liquide, il m'a fallu m'asseoir par terre pour pouvoir utiliser la tringle souple de débouchage qui a buté sur le coude ou le bouchon, puis est passée, glissant dans sa quasi totalité sans point dur. Après un ramonage, on pouvait espérer la résolution du problème. Deux arrosoirs pour faire de la pression. Zut ! Le bouchon n'a fait que se déplacer : après l'espoir car l'eau descendait de manière normale, elle s'est mise à ne se vider qu'extrêmement lentement.
Ce matin, nouvel essai. La tringle bute de nouveau très vite, impossible de passer ce qui est probablement un coude. J'essaie d’utiliser le côté souffleur de l'aspirateur de garage : rien ne semble bloquer, l'aspirateur ne souffre pas, mais à peine le siphon remis en place, nous en sommes au même point : bouché. Nous sommes lundi, les seuls magasins ouverts, où je pourrai trouver du déboucheur liquide, sont à 30 kilomètres . Pas d'autre solution, il faut que j'y aille, sous la pluie au retour.
Après 3 litres de produit et plus de trois heures d'attente, il semble enfin que ce tuyau se soit débouché. Espérons que c'est vraiment le cas et que je n'aurai pas besoin dans quelques jours de m'asseoir de nouveau par terre (vous ne m'avez pas vu batailler pour m'en relever !!!) pour tenter une nouvelle opération de débouchage. Il faudra appeler le plombier !
Mais téléphoner, avec ma voix cassée, c'est la galère ! En fin de semaine dernière, j'ai appelé le cabinet infirmier pour prévoir les piqûres sous-cutanées à faire après la séance de chimio. L'infirmière a mis un moment à me comprendre et à m'identifier ! Et ce matin, il a fallu que je rappelle pour prévenir que ce n'était pas mercredi, mais jeudi que la première injection devait être faite. Là encore, il a fallu du temps avant qu'elle me comprenne.
Bref, cette atteinte de la voix, qui n'a d'abord été qu'épisodique, est devenue presque permanente, compliquant mes relations. Il est dommage que le cancérologue ne se soit pas arrêté dessus, se contentant de dire que le nerf récurrent était en cause : simple inflammation de proximité pouvant régresser, ou pris dans la récidive qui pourtant ne paraît pas si proche ? Qu'il est dur d'être médecin et de ne pas être pris en charge comme n'importe quel malade lambda ! Les confrères semblent considérer qu'on sait tout, comme eux savent !
Il me semblait avoir déjà évoqué ici l'idée de consulter la psychologue spécialisée en oncologie qui était venue me voir vers la fin de mon séjour en clinique il y a deux ans, en juin. Je l'avais trouvée très à l'écoute, beaucoup plus que celle venue voir quelques instants plus tôt mon compagnon de chambre. Je ne sais pas si ce qui primerait dans ce que j'aurais à lui raconter, c'est la peur de l'avenir ou cette sensation très désagréable qu'on n'est pas, avec le cancérologue comme avec le médecin généraliste, dans le cadre d'une relation humaine, médecin-malade, mais dans le traitement d'une maladie, le malade n'existant pas. Est-ce le fait que je sois médecin et considéré comme sachant, comme je viens de le dire ? Est-ce que les médecins ont perdu l'habitude de considérer le malade comme un ensemble, qui n'a pas qu'un symptôme ou une maladie, mais toute une série de petits ou gros bobos dont chacun peut avoir une influence sur les autres ?
Cette période de déchéance majeure, il y a deux ans, est ce que je crains de retrouver, que ce soit à cause de la chimio ou malgré elle. J'ai besoin de le dire. Ces journées où j'étais incapable de manger, où je n'arrivais à me lever que pour aller au fauteuil, pendant que les aides-soignantes refaisaient mon lit, ou aux toilettes en trainant le pied à perfusion et ses poches d'hydratation et d'alimentation, ayant à peine le courage de me débarbouiller... redoutant les lavages de bouche avec le mélange écœurant destiné à limiter la mycose, les nausées épuisantes qui les suivaient souvent, ou qui survenaient simplement quelques instants après avoir avalé mes médicaments avec une gorgée d'eau. J'avais l'impression de ne plus rien maîtriser, et ce ne devait pas être qu'une impression ! Je laissais aller, "advienne que pourra", amorphe, attendant qu'un miracle se produise et que les choses s'améliorent. Une chance, pas un miracle, le retour à la maison et les bons soins de mon épouse m'ont permis de recommencer à m'alimenter et de reprendre des forces, puis d'oublier temporairement cette période. Mais à chaque approche des examens de contrôle, ces souvenirs se manifestaient plus ou moins.
Alors oui, il faut que je la supporte, cette chimio, qu'on puisse en faire toutes les séances envisagées, avant que la rédiothérapie la complète afin de mettre de mon côté un maximum de chances de rémission, voire de guérison !