Difficile de supporter cette fatigabilité ! Il y a quelques jours, je n'ai pas réussi à finir de rembobiner les vingt-cinq ou trente mètres de tuyau que j'ai laissé traîner au sol depuis l'automne, après l'avoir utilisé pour arroser les carrés potagers avec l'eau des cuves de récupération d'eau de pluie, puis pour vider celles-ci cet hiver, juste avant le gros coup de froid. L'herbe, en repoussant, avait enserré le tuyau par endroits, et forcer sur la manivelle de l'enrouleur ne suffisait pas pour le faire glisser, il fallait aller le décoincer là où les petites mains des herbes le retenaient, et j'ai craqué à la moitié.
Enfin, le soleil est revenu, ce qui fait du bien au moral, mais ça veut aussi dire plein de travaux que je ne suis pas en mesure de faire et que je dois déléguer en très grande partie (en quasi totalité, devrais-je dire !) à mon épouse.
J'ai aussi voulu désherber, l'humidité et la température douce de ces derniers temps ayant beaucoup plu aux plantes, surtout aux adventices (il paraît qu'il ne faut plus dire "mauvaises herbes" !). Je n'ai pas tenu cinq minutes, à me pencher et me relever. Et quand je pense aux efforts que je vais avoir à faire pour remuer le contenu des deux composteurs, après qu'on y ait ajouté des tontes de gazon et des branchages taillés il y a quelques mois et enfin broyés, j'en suis déjà épuisé. Je n'ose imaginer comment je vais pouvoir m'y prendre pour déraciner le gros pied de myrtilles mort de soif l'été dernier !
Fatigué de cette fatigabilité !
Hier, mon IRM était prévue dans l'après-midi. Lundi, je me suis présenté au cabinet infirmier à l'ouverture : bondé ! Alors, j'ai décidé de faire faire ma prise de sang à domicile mardi matin. Les résultats sont arrivés dans l'après-midi : stabilité de l'anémie et de l'insuffisance rénale, légère augmentation des gamma-GT et surtout des phosphatases alcalines. J'espère que mon oncologue m'expliquera ce que ça signifie.
Stressé par la perspective de cette IRM comme je le suis dans celle du scanner prévu pour mercredi prochain : va-t-on trouver des anomalies ? Vais-je repartir dans des semaines ou des mois de traitement ? Y aura-t-il une explication intracrânienne à ces troubles de la vue ? Qu'est-ce qui fait que mes lombaires craquent quand je me penche pour m'habiller ou me déshabiller, et me paraissent en même temps si enraidies alors même que j'en souffre moins depuis quelques mois. Le scanner nous apprendra-t-il aussi pourquoi les douleurs costales basses postérieures à droite sont revenues ? Compression hépatique ou rénale par le colon lui-même douloureux ? Souffrance articulaire ? Et ces douleurs et cette paresse coliques devenues permanentes ? J'avais cru que la diminution de la dose du traitement antiarythmique aller régler ce problème, mais je me suis trompé.
Dans la nuit d'avant-hier à hier, j'ai mal dormi. Pourtant, je ne me souviens pas avoir pensé à tout ça. Au lever, j'ai eu droit à ma bonne crise de colite et je me suis bien allégé, mais pour autant, les douleurs n'ont pas disparu, elles étaient encore là cette nuit (où j'ai cependant mieux dormi) et sont toujours là ce matin. Quand je suis arrivé au centre d'imagerie, je n'ai pas eu le courage de monter à l'étage par l'escalier, j'ai pris l'ascenseur. Pourtant, j'avais eu l'immense chance de trouver à me garer juste devant le centre, à moins de cent mètres du bâtiment.
Levé un peu après 7 heures ce matin, j'aurais pu — j'aurais dû — prendre mes appareils photo et profiter du soleil déjà levé pour aller faire quelques photos du village, de sa plaine et de ses collines, en attendant de me décider à aller en faire de l'intérieur du village pour alimenter un site web dont je ne sais où il va : un brin d'histoire du village, quelques références historiques, et des photos. Mais il est tellement plus facile de rester scotché sur le fauteuil de bureau que d'aller marcher !
Pourtant, la campagne est belle en ce moment, avec le retour du soleil et de la chaleur. Les cerisiers sont en fleurs, il y en a apparemment un plein champ au-dessus du village. D'autres arbres (d'ornement ?) fleurissent d'un rose soutenu dans le petit parking au pied de l'ancien couvent. Les arbres de Judée n'ont pas encore commencé, eux, mais ils ne sauraient tarder. Dans le village et aux alentours, sur quelques murs de pierre fleurissent d'énormes pieds de campanules ou d'aubriètes, et des giroflées. Et dans la campagne, disséminés un peu partout aux flancs des collines, des arbres isolés fleurissent blancs. Peut-être des prunus blancs, comme celui de notre voisin qui a déjà fini de fleurir depuis quelques jours ? Un camaïeu de verts, les touches blanches de ces arbres, roses d'autres, jaunes des forsythias, les blancs, bleus et violets des lilas qui démarrent. Dommage qu'un léger voile atmosphérique estompe tout ça au loin. Il faudra que j'essaie un filtre.
Ah oui, mon IRM est normale, m'a dit le radiologue. Ce qui veut dire qu'aucun signe d'hypertension et/ou de tumeur intracrânienne n'a été décelé pour expliquer mes troubles visuels ! Tant mieux d'un côté, pas de métastase, mais de l'autre, c'est toujours le gros point d'interrogation pour ces troubles de la vue. Ce matin, je ne me souviens pas avoir ressenti de gêne de l’œil droit par sécheresse, comme c'est habituellement le cas, mais il y a toujours cette sensation bizarre et désagréable à son niveau. Au contraire — est-ce la conséquence des kilomètres faits hier pour aller passer mon IRM ? — j'ai les conjonctives irritées et l'impression de trop de larmes, avec de nouveau ce gel presque opaque aux coins des yeux, qu'il faut régulièrement essuyer. Les corps flottants me gênent beaucoup en ce moment, aux deux yeux, en plus du reste... Encore près de deux mois à attendre avant de pouvoir avoir l'avis (et un traitement efficace ?) de mon ophtalmologue !
Et puis de nouveau mercredi et le lundi suivant, des kilomètres à faire pour le scanner et la consultation chez le cancérologue...