La première nuit a donc été un peu hachée, entre le passage de l'équipe de nuit et les bruits dans le couloir : conversations, bruit des glaçons que l'on brasse pour les mettre dans les vessies...

Vers 7h, on m'apporte un petit déjeuner léger, puis c'est la longue attente de l'heure d'aller au bloc. Comme prévu, on me descend vers 12h30 environ. Un peu d'attente, de nouveau, puis l'anesthésiste vient me poser un cathéter sur le dos de la main gauche et on m'emmène en salle d'opération.

Je passe de la position allongée à la position assise pour la mise en place d'une péridurale haute destinée à l'analgésie post-opératoire. Un produit m'est administré en intraveineux, tandis que l'anesthésiste pique pour la péridurale. Elle me demande si tout va bien, je n'ai que le temps de faire signe à l'infirmière qui est face à moi que ça tourne un peu, et je ne me souviens ensuite plus de rien. J'ai demandé plus tard si j'avais fait un malaise, l'anesthésiste m'a répondu que ce n'était que le produit d'induction en intraveineux qui m'avait fait rapidement plonger. Bref, pas plus de crainte que lors des interventions sur ma vessie il y a huit ans !

Plus tard, je me réveille dans mon lit en salle de réveil, l'anesthésie doit continuer à faire son effet, en plus de la péridurale, car je n'ai pas l'impression d'avoir mal. Après quelques instants, on me transporte dans ma chambre aux soins intensifs. Il doit être près de 18 heures.

Je suis bardé de tuyaux : perfusion, drain, péridurale, sonde urinaire... lunettes à oxygène, connecté au scope de surveillance cardiaque, un doigt emprisonné dans un oxymètre. Bref, je ne suis pas en état de me sauver ! ;-)

Pour l'instant, je ne ressens pas spécialement de douleurs, mais, moi qui n'aime pas rester allongé sur le dos bien longtemps (je dors en général couché sur un côté ou l'autre), ne bougeant pas, ça ne me surprend pas. J'ai cru avoir entendu parler de "pneumonectomie" alors que le chirurgien pensait pouvoir faire une lobectomie supérieure gauche. Un peu plus tard dans la soirée, le chirurgien me confirme que, comme il l'avait craint initialement, il lui a fallu enlever le poumon dans sa totalité, ce qui veut dire une réduction nette de ma capacité respiratoire et donc des suites moins simples à long terme.

Mon épouse est-elle arrivée après moi dans la chambre ? Je ne sais plus. Elle me tiendra compagnie un moment avant de rentrer à la maison.

Le drain est clampé dès le premier soir, la cavité laissée vide va peu à peu se remplir de liquide et un peu d'air surnagera... Ça fait bizarre de se dire qu'au lieu du poumon, on aura de la flotte ! Il reste à espérer que le poumon restant saura pousser pour récupérer de l'espace et donc augmenter son volume et me permettre de récupérer un peu de la capacité respiratoire perdue.

Mon idée était de tenir un journal de mon état et de mon ressenti, au jour le jour donc, en utilisant ma tablette connectée en wifi, mais, moins à l'aise que ce que je pensais, j'en ai été incapable pendant toute mon hospitalisation.

Tout ce que je vais raconter à partir du jour de mon entrée en clinique est rédigé en différé, ce qui ne garantit pas une chronologie exacte...


Attendu vers 15 heures à la clinique, il me faut partir de Saint-Félicien vers 14 h.

Formalités d'entrée : comme l'hospitalisation a été avancée de 48 heures, la mutuelle n'a toujours pas envoyé son accord de prise en charge des frais complémentaires (forfait journalier, chambre particulière...) ; je dois donc établir un chèque de caution.

Installation dans la chambre, orientée à l'ouest face aux monts d'Ardèche. L'aide soignante remplit le dossier d'entrée, intolérances, aliments à éviter, etc. puis vérifie le rasage, contrôle la tension, bref, de quoi avoir une base. Je suis surpris que l'analyse d'urine ne montre cette fois ni protéinurie, ni hématurie, alors qu'un contrôle fait à la maison avait confirmé l'hématurie il y a quelques jours.

Un peu plus tard passe l'anesthésiste qui m'annonce l'intervention pour 13h environ le lendemain, la préparation nécessitant une bonne demi-heure, je descendrai donc au bloc vers midi trente...

La soirée est longue, le repas immangeable, sauf fromage et dessert. La nuit est agitée, et ce n'est qu'un début, avec le passage de l'infirmière vers 22h30, puis 5h du matin, les bruits dans le couloir...

Cet après-midi, la secrétaire du chirurgien m'a téléphoné pour m'annoncer qu'une réorganisation de la programmation des interventions au bloc de la clinique ramenait la mienne 48 heures plus tôt, donc au mercredi 30 mars au lieu du 1er avril.

Vous pensez bien que je n'ai pas renâclé ! Patienter deux jours de moins est toujours bon à prendre. Cela va juste m'obliger à penser un peu plus tôt à l'organisation de ce que je vais devoir emporter le jour de mon hospitalisation, le strict minimum puisque je passerai ensuite quelques jours en soins intensifs, et à ce que je devrai ensuite me faire apporter progressivement par mon épouse, bouquins notamment car les journées seront longues pour moi qui ne sais pas rester à ne rien faire.

En attendant, j'ai continué les séances de kinésithérapie. En raison des quintes de toux qui surviennent lorsque je force et du fait que l'amplitude respiratoire actuelle est bonne et mes bronches pas encombrées, on se contente d'utiliser cette amplitude et de rendre la respiration un peu moins automatique.

Pour passer le temps, en dehors de siestes parfois (je dois avouer que je me sens fatigué, à la fois probablement par la maladie et par un retour des réveils nocturnes multiples), j'ai la chance d'avoir eu ces jours-ci à m'occuper de problèmes épineux sur des sites, mais aussi à gérer la dernière mise à jour du CMS qui les fait fonctionner, ce qui est parfois simple, parfois moins... et qui m'occupe l'esprit.

Je n'ai même pas encore pris le temps d'allumer et paramétrer ma nouvelle tablette Android destinée à remplacer la précédente devenue lamentablement lente (plus de 5 minutes entre l'allumage et l'affichage de la nouvelle page d'un livre en cours de lecture !), et pour pouvoir communiquer plus facilement depuis ma chambre de clinique que depuis un smartphone.

Aujourd'hui, c'est le premier jour du printemps. En fait, je dirais que c'était plutôt hier, et que ça continue mal... le temps est gris ce matin.

Hier oui, le temps était au beau, avec un grand soleil ; la température a dépassé 18° dans l'après-midi, et j'en ai profité, avant une petite sieste, pour désherber un peu. Oh, pas beaucoup, juste un peu près de la lavande au coin du jardin, dans la menthe qui est derrière la maison face à la fenêtre de la cuisine, et dans les fraisiers des bois au coin de la maison, derrière ; bref, pas de quoi en faire une tartine... J'ai aussi remué le compost, histoire de réveiller les vers, avec cet espèce d'énorme tire-bouchon ingénieux.

Comme d'habitude, vite fatigué, je n'y ai pas passé bien longtemps. Mes lombaires se rappelaient à mon bon souvenir, ma hanche aussi... mais la station assise prolongée de jeudi à la clinique me semblait plus être en cause que le fait de m'être penché pour désherber. Mon rein droit me gênait aussi. Depuis le TEP Scan, j'ai par moments des douleurs sous-costales droites, avec l'impression que le colon comprime le foie et le rein, ce qui est bien désagréable et résiste au Spasfon !

Mais ce matin, j'ai commencé par me réveiller avec cette sensation de brûlure lombaire basse, descendant à la fesse et la hanche droite, puis à la face externe de cuisse jusqu'au genou, mais surtout avec une douleur de l'épaule droite extrêmement gênante : que je sois couché sur le côté gauche, à plat-dos ou sur le côté droit, aucune position ne me soulageait vraiment.

Il n'est pas impossible que les efforts faits hier à remuer le compost aient joué dans cette aggravation. Car il s'agit bien d'une aggravation d'une gêne datant de plusieurs mois. Depuis cette tendinite de l'épaule droite il y a quelques années, j'évite le plus souvent certaines positions, histoire de ne pas tirer sur le tendon, mais sont apparues de petites douleurs à la face postérieure de l'épaule qui, parfois, sont suffisamment gênantes pour m'interdire de rester couché sur le côté droit. Mais au point où je l'ai ressenti ce matin, et où je le ressens encore maintenant, ça ne m'était jamais arrivé.

Bref, le printemps ne commence pas vraiment bien ! :-(

Enfin, bon pour l'anesthésie et donc l'intervention !

Parti avec mon épouse vers 13h45 pour ne pas être en retard, au cas où les conditions de circulations auraient été difficiles, nous ne sommes rentrés qu'à presque 19h ! Mon épouse a eu le courage de m'attendre pendant des heures à la clinique !

Finalement, la route était mouillée jusque sur les hauteurs de Tournon, puis sèche ; nous sommes donc arrivés un peu avant 14h45, le plus difficile étant de trouver une place de stationnement !

Les formalités administratives ont été rapides. Il m'a ensuite fallu attendre de voir l'anesthésiste, avec lequel j'avais rendez-vous à 15h15. Je ne sais plus à quelle heure il m'a reçu, l'attente paraît toujours longue... mais après discussion, l'anesthésie n'étant pas contrindiquée de son point de vue, il m'a proposé d'attendre, plutôt que de revenir, qu'un cardiologue puisse me recevoir et donner lui aussi son feu vert.

L'attente a été encore plus longue, et mes lombaires comme mes dorsales ont souffert de cette position assise peu confortable... Prise de tension, auscultation, ECG, échographie cardiaque : RAS au niveau cardiaque, sinon une petite insuffisance mitrale, pas de contrindication à l'anesthésie, donc. Ce qui n'a pas été dit mais écrit, c'est en effet que j'ai une petite insuffisance mitrale. J'ignore ce qui peut l'avoir provoquée, mon hypertension peut-être ? Pour autant, le cardiologue n'a pas conseillé de suivi particulier et pas contrindiqué une éventuelle reprise du vélo dans quelques mois !

Pour revenir à l'intervention, il y aura deux anesthésies : une générale pour l'opération elle-même, et une péridurale haute. Inconvénient de cette dernière, il me faudra subir une sonde urinaire à demeure tant que cette péridurale sera en place. J'espère ne pas avoir trop de difficultés à reprendre une miction normale après retrait de la sonde !

Petite inquiétude aussi quant à la durée du séjour en soins intensifs. Le chirurgien a parlé de 4 ou 5 jours, l'anesthésiste d'une semaine. Moi qui trouvais déjà que 4 ou 5 jours, ce serait long à supporter, une semaine, ça m'angoisse ! (j'exagère un peu...)

Nouvelle séance de kinésithérapie ce matin. La toux qui se produit en fin d'expiration, en respiration thoracique, a fait que le travail a été axé sur la respiration abdominale, en cherchant une position dans laquelle cette toux ne surviendrait pas. Il semblerait que la positon assise ou debout soit peut-être la plus adaptée. Il faudra que j'essaie à la maison.

Mais en écrivant ceci, je me pose une question : avec la péridurale, pourrai-je utiliser cette respiration abdominale, ou les abdominaux flemmards qui fonctionnent aujourd'hui seront-ils inutilisables à cause de cette anesthésie ? Ne devrai-je pas plutôt travailler la respiration thoracique en post-opératoire, donc m'y préparer dès maintenant, comme envisagé mardi ?

Vous trouvez que je me pose trop de questions ? Vous avez probablement raison, mais on ne se refait pas !