Et de quinze...

Vendredi a eu lieu la quinzième séance de radiothérapie, plus que douze ! Mais je suis toujours en rogne à cause des horaires des séances, toutes à 13h40 désormais, sauf deux : une déplacée de 13h50 à 15h30 ce mardi parce que je verrai ensuite le cancérologue, une autre à 13h20 le mardi suivant, si ça ne change pas d'ici là. Mais vendredi de la semaine précédente, la manipulatrice à qui j'avais demandé s'il était possible de ramener ces séances entre onze heures et midi m'avait opposé une fin de non-recevoir, au prétexte que les horaires avaient déjà été fixés en tenant compte de mes desiderata !

Je ne peux donc plus faire mes longues siestes, déjà insuffisantes pour récupérer de la fatigue du traitement et des déplacements, que le week-end. Je me lève le matin et de ces rares siestes avec les yeux qui brûlent, une légère céphalée, et vraiment la sensation de ne pas avoir suffisamment ou suffisamment bien dormi. Depuis lundi dernier, ma douleur sciatique fessière droite s'est réveillée, sans que je sache pourquoi. Et, liés aux séances de radiothérapie, deux désagréments se sont manifestés cette semaine : des difficultés à avaler certains aliments et des épisodes de toux d'irritation, qui ont étonnamment diminué depuis. Espérons qu'avec la poursuite de séances, ça ne revienne ni ne s'aggrave. Par contre, ma rhinite semble s'aggraver, elle, malgré le médicament anti-allergique que je prends en ce moment !

Hier, je me suis couché pour ma sieste avec des troubles de la vue comme j'en ai épisodiquement depuis quelques années, pouvant évoquer une migraine ophtalmique, sans la vraie migraine qui suit et heureusement de courte durée. Une sensation d'éblouissement, de zone où j'ai du mal à lire ce qui est sur mon écran ou mon bouquin. J'ai très vite cessé ma lecture, trop pénible. Je me suis levé deux heures plus tard avec une céphalée modérée, bilatérale, bien gênante. Je n'avais d'ailleurs aucune envie de me lever ! J'ignore si le fait d'avoir forcé quelques instants plus tôt, pour tenter de les remettre en place, sur les lattes disjointes d'une porte de l'abri de jardin a provoqué ces troubles visuels, mais ils sont survenus quelques minutes plus tard. Depuis leurs premières manifestations il y a quatre ou cinq ans, je n'ai jamais pu repérer de facteur déclenchant, et lorsque j'en avais parlé à mon ophtalmologue, il n'y avait pas prêté cas, mon décollement de vitré de l’œil gauche primant alors. En tout cas, c'est fortement désagréable et stressant.

Moi qui comptais me remettre à l'entretien du jardin après avoir réussi la semaine passée à remuer et arroser mes composteurs sans ressentir de fatigue particulière, cette épisode m'a refroidi ! Il y a les haies, les lavandes et les millepertuis à tailler, des déchets à broyer... Je devrais maintenant avoir la force de le faire, mais ???

Il y a quelques jours, mon épouse est allée faire le tour des noisetiers pour finir la récolte. Les deux pourpres, je les avais vidés de leurs nombreuses et toutes petites noisettes, il n'en restait plus. Elles sont toutes petites, certaines contiennent des fruits plus petits que des petits-pois, il a manqué probablement d'eau au bon moment. Mon épouse a récupéré trois noisettes seulement sur l'autre, j'en ai retrouvé deux autres plus tard, mais il semblerait qu'un écureuil ou un oiseau, voire plusieurs !, se soit servi, une bonne poignée de celles-ci ayant disparu depuis le début du mois de septembre, où j'avais décidé de les laisser finir de mûrir sur pied. Et au pied de ce noisetier, j'ai découvert un jeune chêne, gland très probablement perdu il y a quelques mois par un écureuil ou un oiseau... Je le laisse pousser, placé à deux mètres de la limite du terrain. Je verrai plus tard (ou mon successeur ici) s'il peut y rester ou non. J'aime la prestance des chênes, moins leur bois auquel je préfère celui des noyers ou oliviers, arbres moins majestueux, mais au veinage plus doux.

Tiens, il y a quelques jours, j'ai vu au bord de la route un arbre avec quelques fleurs, un vieux cerisier peut-être. Il a dû se croire au printemps ! Par contre, dans le jardin les lavandes ont presque fini de fleurir, et les chrysanthèmes ne vont pas tarder. Les fraisiers remontants nous donnent encore quelques rares fruits très parfumés et osent encore fleurir pour certains.

Les récoltes sont finies, nous n'avons plus de framboises, la deuxième récolte de figues n'a rien donné, fruits tout petits que les oiseaux mangeront s'ils arrivent à mûrir, et quelques dernières tomates essaient de prendre de la couleur. Il va être temps de préparer le jardin pour l'hiver. Aurai-je la force de tailler et broyer ou faudra-t-il que je fasse appel au paysagiste ? Il y a aussi la taille des pruniers et d'un pommier qui me préoccupe, d'autant qu'ils n'ont que peu ou pas produit cette année et ont beaucoup poussé de branches et feuilles. Je les avais taillés moi-même il y a deux ou trois ans, en serai-je de nouveau capable dans quelques semaines ? Dans quel état serai-je après la dernière séance prévue pour le 18 octobre, combien de temps me faudra-t-il pour retrouver un semblant de forme et me contenter d'un seul poumon ?

C'est très curieux : dans ma tête, je me sens guéri depuis que je connais le diagnostic — sus au crabe ! — mais en même temps, à cause des pépins que j'ai eus avec la chimiothérapie, j'ai la trouille de ce qui se passera si par malheur on me trouve dans quelques mois ou années des métastases ou une nouvelle tumeur ! Mais je n'ai pour l'instant qu'une idée : en finir vite et retrouver ma vie précédente, voire même enfin arriver à me détacher de mon écran pour m'occuper d'autre chose, photo, balades... L'automne est là depuis un mois, en avance puisque certains arbres et arbustes perdent déjà leurs feuilles à cause de la sécheresse que nous avons connue, l'automne avec ses teintes merveilleuses à venir lorsque les grands arbres s'y mettront à leur tour, mais je n'en profite pour l'instant que depuis mon jardin ou le taxi qui me conduit au centre de radiothérapie et m'en ramène...