Mardi, avec l'instauration de ce presque couvre-feu, moi qui ne sors plus que très exceptionnellement de chez moi depuis des mois et des mois, j'ai passé une journée très bizarre. Ce confinement, que je considère pourtant comme absolument nécessaire, me perturbe.
Comme souvent, pour ce qui me concerne, je suis pris entre deux certitudes : la première que je ne serai pas touché, et qu'au pire, je résisterai et guérirai vite, la seconde que si je suis atteint, j'ai de grands risques de ne pas en réchapper, entre mon poumon unique et mes soucis cardiaques.
Je suis aussi face à un dilemme : le 30 mars, je devrais passer mon scanner de contrôle et voir le cancérologue en consultation. J'avais initialement rendez-vous le 26, mais il a été reporté au 30, sans que le service du scanner en soit prévenu. J'ai donc reçu une convocation pour passer ce scanner le 26, un peu avant l'heure prévue de la consultation. Mais quand j'ai appelé le secrétariat du scanner pour le reporter au 30 afin de ne faire qu'un déplacement, impossible d'obtenir un horaire proche de celui de la consultation ce jour-là : donc scanner à 10h30, consultation à 14h15, soit plus de 4 heures à passer sur place, ce qui, en ces temps d'épidémie, n'est pas très raisonnable, d'autant que si je me fais transporter en taxi, celui-ci ne m'attendra pas entre les deux et qu'il me faudra patienter soit à la clinique soit au centre de radiothérapie.
J'ai donc interrogé hier matin par mail le cancérologue qui m'a répondu immédiatement qu'il tenait à cet examen de contrôle, mais que la consultation dépendrait de son résultat. Comme ça ne changera rien à l'attente entre l'envoi du compte-rendu par fax ou mail et sa vérification ainsi que celle du bilan biologique, puis sa décision, je pense que si je maintiens ce scanner, ce sera de toutes manières sans consultation le jour-même.
Je ne ressens rien qui puisse me faire craindre une récidive, je suis seulement gêné par mes soucis cardiaques, ce qui m'incite à ne pas prendre le risque d'aller passer ce scanner maintenant et à reporter examen et consultation à plus tard. D'un autre côté, la douche froide, il y a deux ans, de la découverte de ce ganglion alors que rien ne le laissait augurer, me fait dire que je dois mettre dans la balance ce risque, qui pourrait nécessiter de nouveaux traitements, et celui d'attraper ce COVID-19 !
Aujourd'hui, et à moins que mon irritation laryngée actuelle (virus ou pollens, sans fièvre) s'aggrave, j'imagine ce scénario : bilan biologique en début de semaine prochaine : s'il est comparable à celui de début novembre, pas de scanner dans l'immédiat ; s'il est perturbé, maintien du scanner à discuter, consultation quelques temps plus tard si je passe ce scanner et que le cancérologue la juge nécessaire. Mais peut-être déciderai-je très vite de tout annuler !
Quatre mois se sont passés depuis mon dernier passage ici. Je n'ai pas d'excuse. Comme je viens de le dire, rien ne laisse penser à une reprise, mes seuls soucis actuels sont cardiaques, d'où ce silence prolongé.
Je me polarise sur mon rythme cardiaque, d'autant plus que je ressens en permanence ces battements dans la poitrine et n'y prête trop attention que lorsque je suis allongé la nuit ou à la sieste. Au bout des doigts dès qu'ils appuient légèrement, des oreilles quand je suis couché sur le côté... Si depuis des mois, les changements de rythme montrent une modération de celui-ci lors de ces épisodes, les rendant moins inquiétants, d'une part je ressens cette sensation désagréable de "mal-être" qui me réveille, d'autre part, en changeant de position, sentir ce rythme diminuer fait que je me demande s'il va se stabiliser ou trop baisser me perturbe... J'ai eu l'impression à une période que ces troubles survenaient quand j'étais couché sur le côté gauche. J'ai donc pendant des semaines perturbé un peu plus mon sommeil en tentant d'éviter cette position, prise inconsciemment. Depuis quelques temps, il semble que je la tolère mieux. Certaines nuits sont hachées, d'autres plus sereines, mais pour autant, depuis bien longtemps je ne me lève pas reposé.
En dehors de ça, les étourdissements sont toujours là. Surtout quand je me penche et me relève, quand j'ai passé quelques instants sur le canapé ou mon fauteuil, beaucoup plus rarement si j'ai été assis dans mon bureau ou sur une chaise du séjour, ou encore plus exceptionnellement quand je me lève de mon lit. Pas de vertige au sens propre, mais l'impression que ma tête se vide et que mes jambes ne vont plus me porter. La forte lumière aussi peut en être la cause, comme elle peut provoquer ce qui ressemble à des migraines ophtalmiques. Dans le jardin, quand le soleil brille fort, les déplacements des yeux, à eux seuls, peuvent provoquer cette sensation de déséquilibre, m'obligeant à chercher où m'asseoir.
Récemment, j'ai aussi ressenti des troubles de l'équilibre différents de ces étourdissements, avec sensation de perte immédiate d'équilibre comme si ma tête ne savait plus où j'étais, une fraction de seconde seulement. Plutôt quand j'étais mal réveillé, dans le noir ou la pénombre. Certains matins, en allant soulager ma vessie, je me sentais légèrement osciller d'avant en arrière, comme si les muscles n'étaient pas capables de s'accorder pour me maintenir, tout simplement... Apparemment, ces troubles de l'équilibre ont disparu.
Je ne serais pas étonné qu'une partie de ces troubles soient en lien avec mon traitement. Vers la mi-janvier, je me suis botté les fesses pour prendre des rendez-vous chez le pneumologue et l'ophtalmologue. Sauf contrordre d'ici là, ce sera pour la deuxième quinzaine de juin. Le plus difficile a été ensuite le rendez-vous avec le cardiologue. Il vient en consultation avancée à l'hôpital local, mais le délai est de trois mois. La secrétaire m'a conseillé d'appeler l'hôpital d'Annonay, qui de son côté m'a annoncé des délais plus longs encore. Mais compte tenu de mon statut, la secrétaire a soumis ma demande au confrère qui a accepté de me voir, probablement en pleine visite des patients hospitalisés, le 24 janvier. Jambes enflées, essoufflement, étourdissements... justifiaient cette entorse.
Ce jour-là, dans un premier temps une manipulatrice m'a fait un électro-cardiogramme, puis j'ai attendu dans la même salle que le cardiologue vienne me faire une écho-cardiographie. Il s'y est lancé sans presque me questionner. Elle a duré longtemps, et je n'ai su que deux choses : la pression pulmonaire est légèrement augmentée, mais la veine cave n'est pas dilatée. Sur la question des troubles du rythme, rien... Compte tenu des œdèmes, il m'a alors conseillé la prise d'un diurétique en plus des autres produits, la prise d'un hypotenseur le soir plutôt que matin, afin de limiter son impact sur les œdèmes, et l'augmentation, sur ma question, du traitement anti-arythmique. J'espérais avoir une copie du courrier qu'il a dicté pour mon généraliste (que je n'ai pas vu depuis, ne tenant pas, bien que vacciné, à attraper la grippe), mais je n'ai rien reçu. J'ignore donc ce qu'il a noté.
Cette modification du traitement n'a pas été de tout repos, et dans un premier temps, il m'a fallu réduire la dose de cet hypotenseur vasodilatateur, avant de le supprimer : trop d'étourdissements. Depuis, la tension semble correctement stabilisée, les étourdissements sont moins fréquents ; je soupçonne l'augmentation de la dose d'antiarythmique d'y jouer un grand rôle, mais je préfère ces troubles d'équilibre à ceux du rythme.
Avec le cardiologue, nous avons évoqué la pose d'un holter afin de surveiller pendant une semaine le rythme cardiaque. Ce ne sera possible que le 29 avril, sauf contrordre là aussi. Si le traitement est efficace, peut-être cet examen n'aura-t-il aucun intérêt ? Mais peut-être y a-t-il des moments où je ne m'aperçois pas d'un passage en fibrillation auriculaire, pouvant faire alors discuter un traitement par radio-fréquence pour neutraliser le foyer initial ?
Tout ça m'a encore fait réduire un peu plus mes activités physiques. L'essoufflement peut me prendre après des activités anodines : me déshabiller le soir me fait arriver très essoufflé dans mon lit. Me débarbouiller non seulement m'essouffle, mais fait réapparaître douleurs cervicales et scapulaires ; tout effort, si l'essoufflement ne m'oblige pas à m'arrêter rapidement, fait que les muscles de la nuque deviennent douloureux et m'obligent à garder la tête basse, n'arrivant pas à la maintenir relevée ! Mes lombaires semblent verrouillées, douloureuses dès le lever, claquant parfois le soir quand je me penche pour enlever mon pantalon... J'ai perdu 2 cm sous la toise... peut-être par déminéralisation, à cause des troubles de l'appétit que j'ai eus suite aux cures de chimiothérapie ! Je mangeais plus de fromage et prenais systématiquement un dessert lacté le soir "avant" ; je ne mange presque plus de fromage, sauf râpé, et je ne prends ce type de dessert que rarement depuis. Après avoir constaté ce très probable manque de calcium, je me tiens à la prise d'un laitage, yaourt, fromage frais, faisselle, à "4 heures". Je ne reprendrai pas ces deux centimètres, mais peut-être éviterai-je d'en perdre encore ?
Il me faut me décider à aller traiter mes arbres à la bouillie bordelaise, en espérant que le vent ne rabattra pas le produit sur moi pour me transformer en Schtroumpf, et que mes yeux et mes forces ne me trahiront pas !