Voilà bientôt deux mois que je ne vous ai pas raconté ma vie, faute de motivation. Pardonnez-moi !
Il y a une semaine, j'ai passé, avec succès puisque je suis convoqué pour la séance "à blanc" le 9 septembre prochain, un scanner dosimétrique destiné à préciser les doses et localisations des tirs de radiothérapie. À cette occasion, on m'a tatoué trois minuscules points sur le sternum et chaque côté du thorax, tellement fins que je me demande comment on peut les retrouver, et surtout comment on fait chez les gens qui sont déjà tatoués !
L'examen en lui-même est relativement long, surtout pénible parce qu'il faut conserver les bras en l'air pendant plus d'une dizaine de minutes, ce qui, après mes tendinites des épaules endurées il y a quelques années, n'est vraiment pas agréable.
J'aurais dû passer cet examen le jeudi précédent, lorsque je venais en consultation amener au cancérologue le résultat de mon scanner thoraco-abdomino-pelvien, mais un problème de communication avait fait que le rendez-vous n'avait pas été réservé... Bon point cependant, le scanner est normal, ce qui a rassuré le cancérologue, et moi par la même occasion.
J'espérais qu'à cette occasion, l'ensemble des rendez-vous de traitement serait défini, mais hélas le manipulateur s'est contenté de la date de la séance à blanc... Je ne sais donc toujours pas si je réussirai à obtenir que toutes les séances des lundis, mercredi, jeudi et vendredi pourront avoir lieu à la même heure, de préférence entre 10h30 et 12h, et celles du mardi en milieu d'après-midi (ce jour-là, il y a en plus une consultation avec le cancérologue), me permettant ainsi de ne pas partir trop tôt de la maison, sachant qu'il me faut une heure de trajet environ pour arriver au centre de traitement.
Ceci dit, depuis près de deux mois, mon état général s'est amélioré, j'ai retrouvé le goût des heures devant mon écran, mais aussi de la lecture. J'ai aussi retrouvé l'appétit, même si certains dégoûts liés à des odeurs que je trouvais encore trop fortes ont duré. J'ai dû reprendre environ trois kilos, et il faut que je me méfie de ne pas en reprendre plus.
Malgré l'amélioration, j'ai eu des difficultés à gérer mon hypertension, surtout en raison des épisodes d'hypotension orthostatique qui, malgré l'allègement du traitement, continuent à se manifester lorsque je me relève du canapé ou de mon fauteuil, ou lorsque je me penche et me relève pour, par exemple, arracher une mauvaise herbe. Et puis la fatigabilité et l'essoufflement sont bien présents. Mon anémie était toujours nette à la fin du mois dernier, moins importante mais bien là ! Entre elle et le poumon en moins, ça explique ces phénomènes qui m'empêchent de tenter quoi que ce soit dans le jardin, alors que j'aimerais parfois y faire un peu de nettoyage...
La seule chose que j'aie réussi à faire a été d'arroser, par deux fois, les ginkgo et rudbeckias qui faisaient la tête, et les pieds de myrtilles pour éviter que les fruits ne se dessèchent. La première fois, après avoir arrosé, je me suis enfin offert un moment sur un fauteuil de jardin sur la terrasse, et j'ai pu entendre une cigale ! C'est probablement la troisième année, depuis que nous sommes ici, que j'en entends. Mais le lendemain, il faisait mauvais et je n'ai plus rien entendu depuis.
Le ginkgo qui m'inquiète et qui a remplacé celui qui avait dépéri, végète à son tour, mais il a fait cette année une nouvelle pousse depuis le pied, j'ai eu le plaisir de m'en apercevoir en l'arrosant (elle est masquée par les pousses des rudbeckias). Je pense que la branche principale ne repartira pas l'an prochain, comme ça s'était produit pour le mûrier-platane. Je ne suis pas près de le voir faire de l'ombre. Par contre, la bouture que j'avais faite et qui est en pot est magnifique, mais je me demande ce que je vais bien pouvoir en faire, n'ayant aucun endroit où mettre ce pied en terre à son tour et ne me sentant pas capable de le traiter en bonsaï.
Mes cheveux et ma barbe ont repoussé ! J'avais des cheveux blancs sur le dessus du crâne, poussant bien en l'air (c'était moche !) et presque plus rien sur les côtés, et la sensation que d'autres commençaient à repousser, aussi me suis-je décidé à ma première sortie pour aller me faire couper les cheveux, à la tondeuse (je n'avais pas osé le faire moi-même), très courts, juste quelques millimètres. Ça fait bizarre de se retrouver crâne presque rasé ! Pourtant, j'avais souvent eu envie d'essayer. Je ne sais pas si je recommencerai, si je garderai une coupe courte mais pas autant, ou si je reviendrai à mon ancienne coiffure. La moustache est ce qui a repoussé le plus vite, et surtout de manière plus vite visible ; la barbe a suivi.
Une quinzaine de jours après mon retour de clinique, au sortir d'une douche où j'utilisais pourtant depuis longtemps un produit spécial peaux sèches, je me suis retrouvé avec la peau qui desquamait et qui démangeait, sur tout le corps. Peut-être un effet secondaire retardé de la chimiothérapie ? Entre ça et les petits boutons à la racine de poils n'arrivant pas à sortir, ou ceux évoquant des petits boutons d'urticaire, qu'est-ce que j'ai pu me gratter ! Malgré l'utilisation d'un gel douche plus hydratant,les choses ne se sont guère améliorées qu'en patientant. Ces petits boutons ne supportaient pas le moindre frottement d'un vêtement, et s'il était relativement facile d'ouvrir d'un coup d'ongle ceux infectés, il n'y avait pas grand-chose à faire sur ceux de type urticaire. Aujourd'hui encore, la peau est sèche, mais des gels plus protecteurs ont permis de limiter ces irritations.
À mon retour, comme je l'ai dit, je crois, je passais presque toutes mes journées allongé. Peu à peu, je suis revenu un peu plus longtemps au fauteuil, puis devant mon écran. L'après-midi, je dormais jusqu'à trois heures, puis j'ai pu reprendre la lecture que j'avais abandonnée depuis des semaines, lisant une vingtaine de minutes après la fin du journal télévisé, puis dormant jusqu'à deux heures de suite, maintenant à peine plus d'une heure.
Depuis mon écho-doppler du 30 juin, je ne savais pas combien de temps l'angiologue souhaitait que je poursuive mes injections d'anticoagulant. Je l'ai donc interrogée par courrier vers la mi-juillet, lui posant deux questions, à savoir s'il fallait un nouvel examen et quand arrêter, puisqu'elle avait initialement prévu trois mois d'injections. Elle devait être en vacances et m'a répondu début août qu'il fallait un examen à six mois et qu'il serait bon de poursuivre l’anti-coagulation tant que la chimiothérapie continuerait, ayant oublié de noter que celle-ci avait été stoppée et que le Picc line avait été enlevé le jour-même de son examen. J'ai donc eu droit à ma dernière piqûre le 13 août, enfin ! Même si ces injections ne sont pas douloureuses, elles sont contraignantes dans la mesure où l'heure de passage de l'infirmier ou l'infirmière est variable. Ceux-ci m'ont proposé de me faire ces injections moi-même, mais je pense que j'aurais cessé beaucoup plus tôt... Et puis, ça faisait un peu de visite, même si on n'avait pas trop de temps pour discuter... L'autre inconvénient était la nécessité de faire des prises de sang régulières pour vérifier plaquettes et globules, et mes veines en avaient déjà suffisamment subi pour que je souhaite que ça cesse !
Il me reste un peu plus de deux semaines avant la séance à blanc. J'espère continuer à récupérer, mais aussi qu'ensuite la multiplication des déplacements ne me fatiguera pas trop ! Je n'ai toujours pas le courage de sortir de chez moi ; dimanche, il y avait la traditionnelle Fête de la chèvre au village, j'ai laissé mon épouse y aller seule, ne me sentant pas la force d'arpenter les rues du village, tout comme je n'avais pas osé aller faire un tour à la foire à la brocante le lundi 15 août précédent.
Il faudra maintenant que je vous parle un peu de mes compagnons d'infortune, ceux dont j'ai partagé la chambre pendant mes hospitalisations.