Dure, dure cette deuxième séance de chimio !

Vous raconter mes journées est un véritable pensum en ce moment ! Cela me demande une concentration que j'ai du mal à retrouver, ce qui explique que je n'ai pas pu écrire dans les jours qui ont suivi cette deuxième séance, trop épuisé dans un premier temps pour rester devant mon clavier, trop en manque de concentration ensuite.

Oh, souvent le matin avant de me lever, ou au réveil d'une sieste, j'ai commencé à me raconter, dans ma tête... Mais une fois levé, plus moyen. Je vais donc essayer de récapituler.

À l'approche de la deuxième séance, ma tension était remontée, mais j'avais encore trop d'épisodes d'étourdissements pour avoir repris mon traitement hypotenseur dans son intégralité. Le cancérologue, au vu des effets secondaires précédemment ressentis, des altérations rénales et de l'anémie, avait décidé de réduire les doses de produits, pour mettre tous les atouts de notre côté afin d'essayer d'aller au bout de la série.

Pendant la séance, au début de la perfusion du premier antimitotique, donc après le passage des deux poches de prémédication (puissant anti-nauséeux et corticoïde), j'ai ressenti un gros coup de chaud au niveau du visage. Une infirmière, dans la salle où je me trouvais, s'occupait d'une patiente : en cas de malaise, je pouvais l'appeler, malgré ma voix cassée... Ce flush a rapidement disparu. Plus tard, j'ai refusé le repas, me contentant de quelques biscuits cette fois encore. La perfusion du premier antimitotique est passée un peu plus vite que prévu (raison du flush ?) et, après m'être retrouvé seul dans la salle après le départ des autres patients, j'ai pu partir plus rapidement que la fois précédente. Je n'ai guère eu à attendre le taxi.

Une fois à la maison, au bout d'un quart d'heure, j'étais au lit et je ne tardais pas à m'endormir, jusqu'à ce qu'un nouveau flush se manifeste. Une infirmière à qui j'en avais finalement parlé ayant évoqué une possible chute de tension, je l'ai donc prise : plus de 160mm de maximale ! Un moment plus tard, j'étais à 170/105 que je ne me souviens pas avoir déjà atteint auparavant. Vers 17 h, je me suis décidé à prendre un comprimé de bêta-bloquant, car le pouls lui aussi était élevé, plus de 100. Une heure plus tard, mon généraliste appelé, surchargé et incapable de me recevoir ou de passer me voir, m'a conseillé de reprendre un comprimé de bêta-bloquant, ce que j'ai aussitôt fait. J'étais prêt à partir aux urgences quand pouls et tension se sont enfin un peu calmés.

Les effets de la corticothérapie, malgré des bains de bouche au bicarbonate, n'ont pas tardé : salive rare et épaisse rendant la déglutition très difficile. Ceux de la chimio en plus : changement du goût et des odeurs, dégoût fréquent... Le cancérologue voulait que je ne perde pas de poids, que je fractionne mon alimentation, mais fractionnée ou pas, rien ne passait ou presque. Idem pour la boisson : toujours impossible de boire de l'eau, même aromatisée, seuls certains sodas passent.

Là-dessus, plus tôt que précédemment, les petits saignements accompagnant l'engorgement nasal se sont vite manifestés, me faisant là encore craindre de devoir filer aux urgences. Une chance, le protecteur vasculaire a enrayé ces saignements, mais pas la congestion nasale et l'irritation des muqueuses et de la peau au bord du nez.

Conséquence des restrictions alimentaires : une nouvelle perte de poids de l'ordre de 2,5 kg. De plus, après une première phase de constipation, puis des selles en quantité réduite et trois jours de selles diarrhéiques, je me retrouve de nouveau constipé malgré la consommation de pruneaux... Bien sûr, compte tenu de ce que je mange, ça se comprend un peu, mais depuis quelques jours, les problèmes de salive s'étant pratiquement résolus, l'appétit est en grande partie revenu. Ce midi, j'ai osé quelques frites qui sont très bien passées !

Après l'épisode de montée du pouls et de la tension, ceux-ci ont au contraire baissé, surtout la tension, ce qui m'a contraint à revoir mon traitement à la baisse. De nouveaux étourdissements, fréquents et qui n'ont pas disparu, me contraignent à être très vigilant. Il ne manquerait plus qu'une chute et une fracture !!!

J'ai passé plusieurs jours à faire de longs séjours allongé. Même le fauteuil de relaxation ne me convenait plus ! Il n'y a que deux ou trois jours que j'arrive à réduire et ne compléter la sieste que par de courts passages au lit. J'ai aussi pu rester un peu plus souvent dans mon fauteuil.

Des envies sont aussi revenues : réutiliser mes véhicules radiocommandés, mais à remettre à plus tard à cause des étourdissements ; reprendre la transformation de la remorque à six essieux que j'ai fabriquée pour supporter le char Leopard, la peindre et terminer la peinture de la tourelle du char ; m'attaquer à la photo de mes couteaux, stylos, petites voitures, engins radiocommandés et appareils photo ; finir de m'occuper de remettre en état le plus ancien album de photos de ma mère avant de scanner les négatifs en attente et d'en faire quelques albums virtuels ou à imprimer. Mais qu'en sera-t-il de ces envies dans dix jours, si la prochaine séance de chimio est confirmée et que je me retrouve de nouveau au fond du lit ?

Ce matin, j'ai pu trouver le courage d'attendre que l'étourdissement soit passé pour aller remplir un arrosoir et le vider au pied des ginkgos et rudbeckias qui commençaient à avoir soif, avec la forte chaleur actuelle qui nous change des mois passés. Mais une fois fait, il m'a vite fallu aller m'asseoir, les forces me manquant ! Ensuite, je me suis attaqué à l'étiquetage de tous mes pots de peinture à maquettes Tamiya, que j'ai réorganisés dans le petit meuble à tiroirs qui leur est dédié. Il me faudra maintenant faire de la place sur la table à tréteaux pour pouvoir y terminer la remorque surbaissée et attaquer plus tard le montage et la peinture des maquettes statiques depuis trop longtemps en attente.

J'allais oublier : je n'ai maintenant que quelques rares cheveux sur le crâne, une moustache allégée et une barbe bien rare ! Et ma voix est toujours aussi cassée : peu d'espoir que les choses rentrent dans l'ordre, hélas.

Depuis près de deux semaines, aujourd'hui peut-être à peine moins, je n'ai qu'une envie : qu'on me fiche la paix !

Mais en même temps, je n'oublie pas que ce ne serait pas la meilleure solution pour espérer une guérison...