Il y a trois semaines déjà, je passais sur la table d'opération. Parti pour une "simple" lobectomie qui n'aurait guère amputé mes capacités respiratoires, j'en sortais avec un poumon en moins ! La tumeur qui, au scanner du 1er février semblait ne pas adhérer à la paroi postérieure ni à la scissure, y était en réalité adhérente : évolution rapide en deux mois ou images initiales trompeuses ?
Je peux dire que malgré les douleurs, malgré l'essoufflement, malgré la fatigue, les suites ont été relativement simples et le moral pas trop affecté, même si j'ai craqué huit jours après l'intervention, aucun soin spécifique ne m'étant apporté dans le service de chirurgie et donc mon séjour ne me semblant plus se justifier, sans compter cette perte d'appétit liée à la qualité des plateaux repas...
Mais après l'amélioration des douleurs, leur spectaculaire amélioration après mon premier séjour au fauteuil deux jours après l'opération, puis plus lente dans les jours qui ont suivi, l'impression de statu quo depuis une semaine environ est plus difficile à supporter ! J'aimerais un peu jardiner, mais je ne m'en sens pas le moindre courage. Je n'ai même plus envie de me promener dans le jardin. Même pas envie d'aller jusqu'à Annonay essayer de trouver un bon fauteuil. J'attends l'heure de la sieste et celle du coucher, j'ai même moins envie d'aller me caler dans le fauteuil de jardin où pourtant je ne suis pas mal, avec le dos bien appuyé contre les coussins. Depuis des semaines, j'ai aussi cette douleur de l'épaule droite qui parfois m'empêche de rester couché sur le côté droit et me gêne pour taper sur mon clavier, manipuler ma souris, souvent même au repos. J'ai voulu tester un patch anti-inflammatoire : efficace, mais une fois retiré, je me suis retrouvé avec de belles plaques de type urticaire, comme avec d'autres adhésifs utilisés après prélèvements sanguins ou pansements !
Cette chimiothérapie, que j'envisageais sans la moindre inquiétude il y a quelques semaines, je la crains maintenant, probablement à cause de cette persistance des douleurs, pas intenses, j'en conviens, mais qui font que je crains de me pencher, de tousser ou d'éternuer, qui me contraignent à être vigilant en permanence, de peur de réveiller cette sensation de déchirure qui s'est parfois manifestée au niveau de la cicatrice. Bref, j'espérais retrouver des sensations normales, à défaut de souffle, bien avant de subir cette chimio, mais je crains fort d'y aller encore fatigué, physiquement et moralement.
Et puis, j'ai tellement subi de piqûres dans les veines depuis presque trois mois, entre les perfusions pour les examens, l'opération et le post-opératoire, les prises de sang fréquentes en pré- et post-opératoire, que l'idée-même de devoir de nouveau devoir supporter perfusions et contrôles multiples de mes constantes sanguines dans les semaines à venir me fatigue déjà !
Douze semaines ont passé depuis la découverte de cette tumeur, restée silencieuse depuis quand ? Des tas de questions se posent ! Sachant que les cancers pulmonaires sont silencieux, est-ce que quelque chose aurait pu m'inciter plus tôt à faire une radio pulmonaire ? La réponse est "oui", puisque malgré avoir été déclaré guéri de mon cancer de vessie, j'aurais peut-être dû relancer périodiquement un bilan. Mais aurait-on, moi ou un autre praticien, fait faire une radio pulmonaire à cette occasion ? Rien n'est moins sûr !
Autre question : faute de savoir quand cette tumeur a commencé à se développer (il ne faut pas oublier que j'avais cessé de fumer 29 ans plus tôt, sans plus jamais être exposé à la fumée des autres, et vivant depuis six ans en moyenne montagne, loin de la pollution, alors que dès sa découverte, elle avait la taille d'un beau citron), sa vitesse d'évolution expliquerait-elle ces adhérences non évidentes lors du scanner mais ayant nécessité de ne pas se contenter d'une simple lobectomie huit semaines plus tard ? Personne n'aura la réponse, à moins que la chirurgie n'ait pas suffi à supprimer tout ce qui intéressait le thorax et que ça flambe en post-opératoire, puis que la chimiothérapie n'arrive pas à détruire des cellules métastatiques disséminées et non trouvées à l'IRM cérébrale et au TEP Scan !
Enfin, alors que toutes les mesures faites en pré- et post-opératoire faisaient état d'un taux de plaquettes à 240.000 environ, curieusement, le premier contrôle à la maison, toujours sous anticoagulant injectable, les chiffre à 440.000, le suivant à 426.000, avec ce jour-là un taux d'hémoglobine passé de 10.6 à 12.5 et des globules rouges passés de 3.51 millions à 4.36 millions ! Comment, en dix jours, une telle augmentation a-t-elle été possible ? Je ne comprends pas !
Je n'aime pas les questions sans réponses...
16h45 : plus tôt dans l'après-midi, le coupe-bordure s'est mis en panne pendant que mon épouse l'utilisait, j'ai déjà essayé de le refaire démarrer, pas moyen. Je réessaie donc, sans plus de succès, il doit y avoir un mauvais contact quelque part, il faudra démonter ! et je remarque des mauvaises herbes envahissantes, qu'il faut ne pas laisser fleurir. Je vais donc les arracher, puis je fais le tour du jardin. Tout redémarre plus ou moins vite. Le lagerstroemia est encore en attente, une rafale de vent lui a cassé une branche, je la coupe et l'utilise comme bouture, je verrai bien si elle prend.
Près de la terrasse, une rose trémière est un peu étouffée par les mauvaises herbes. J'ose prendre la binette et nettoyer ! J'y arrive !!! Mais bon, pas question de trop insister, entre le manque de souffle et la douleur qui se réveille. En tout cas, c'est encourageant, je vais pouvoir, si le temps le permet, désherber un peu plus efficacement certaines zones.