Lundi, un taxi m'a donc emmené jusqu'à la clinique. Jour férié, pas de formalités d'admission possibles, je me rends directement au service de médecine. Pas de possibilité d'obtention d'une chambre seule, je vais donc cohabiter avec un monsieur un peu plus âgé que moi. Son épouse est avec lui, un ami ou parent passera le voir un peu plus tard. Sa télévision fonctionne en fond... Impossible de lire.
Le personnel me prend en charge, je me mets en tenue de nuit, l'aide-soignante remarque que mon avant-bras gauche est légèrement oedématié et évoque une possibilité de thrombose veineuse ! Le cancérologue est avisé, une consultation d'angiologie demandée et en attendant, une piqûre d'héparine sous-cutanée m'est faite. Puis on m'installe la perfusion d'hydratation, et l'attente commence. Un peu plus tard, l'infirmière m'informe que l'angiologue de garde est débordée et qu'elle me fera un écho-doppler le lendemain matin, et que la chimio est maintenue.
La nuit est difficile, mon voisin ayant conservé tard sa télé allumée ; je me suis demandé parfois s'il ne dormait pas malgré elle, mais pour l'avoir vu le lendemain perdu dans ses pensées alors que la télé fonctionnait, peut-être était-ce déjà le cas ?
Avec la perfusion, il m'a fallu me lever de nombreuses fois pour uriner ; entre ces levers et les difficultés à me rendormir, des réveils parce que j'avais entendu mon voisin bouger, ronfler ou tousser, plus le bruit toutes les minutes de son appareil de nutrition parentérale, et le passage de l'infirmière, la nuit n'a vraiment pas été de tout repos.
Au matin, après un léger petit déjeuner et la prise des médicaments habituels et de ceux associés à la chimio, une infirmière spécialisée est venue me poser la troisième poche de 1 litre de perfusion, en même temps que les premiers produits injectables avant chimio. La pesée avait montré que mon poids n'avait pas varié depuis la veille, donc pas de rétention du liquide perfusé. En fin de matinée, je descends voir l'angiologue, traînant ma potence, et l'écho-doppler confirme la thrombose. Conséquence : je suis parti pour trois mois, au moins, de piqûres sous-cutanées d'héparine. But : tenter de détruire le caillot. Il faudra refaire un écho-doppler à la fin de la chimiothérapie afin de savoir si le caillot est dissous ou fixé, avant retrait du Picc line.
Lorsque j'en reviens, la perfusion du deuxième produit antimitotique touche à sa fin, mais l'infirmière remplace la poche d'hydratation, qui devrait durer jusqu'à 18h ! Je lui demande si elle peut accélérer le débit, ce qu'elle fait. Il me faut savoir quand prévenir le taxi de venir me chercher, elle m'explique à peu près quand il restera de quoi me perfuser une heure.
Repas froid : fromage, fruits, laitages. Il passe bien. Mon voisin a de sérieux soucis et ne peut avaler, il ne mange rien. Ne sachant pas à quelle heure l’angiologue sera encore dans son bureau (je dois aller chercher la prescription d'héparine et je pensais passer vers 14h juste avant ma sortie), je décide, vers 14h15, d'aller récupérer cette ordonnance. Me voilà de nouveau parti avec ma potence et ma perfusion. J'attends dans sa salle d'attente, l'angiologue me remet une enveloppe qu'elle avait déjà préparée et me donne quelques explications sur le traitement et sa surveillance.
Lorsque j'arrive dans le service, mon lit est en train d'être remplacé pour un entrant. On rassemble donc mes affaires et on me transfère dans la salle de chimiothérapie où sont en soins plusieurs personnes. J'y termine ma poche d'hydratation, je me rhabille, je pars faire les formalités d'entrée et sortie, et à 16h, je m'installe sur un fauteuil de l'accueil, dans l'attente du taxi commandé pour 16h30.
À peine arrivé, il me faut aller à la pharmacie chercher les seringues d'héparine, pour l'injection du lendemain. Puis repos, repas léger. Curieusement, malgré la fatigue, je ne me suis couché que vers 23h, mais quand j'ai éteint la lumière vers 23h20, je crois que j'ai immédiatement sombré.
Un peu après 3h du matin, premières sensations désagréables digestives. Je me lève pour aller uriner et boire, et j'ai beaucoup de mal à me rendormir... Un peu après 6h du matin, je me réveille sur un rêve de nausées... et j'ai des haut-le-cœur qui m’amènent, vers 7h, à aller prendre un peu en avance la gélule d'antiémétique spécifique.
Au petit-déjeuner, je n'ai pas réussi à avaler plus de trois bouchées des petites tartines de pain beurré que je m'étais préparées, seul le jus d'orange m'a permis d'avaler mes médicaments. Depuis, avec la langue irritée (mycose possible), à midi je n'ai pris qu'un yaourt, je n'ai plus envie d'avaler le moindre aliment, je me contente de boire. J'espère que tout ça ne durera pas !
Je ne pense pas manger non plus ce soir !