Comme je l'ai raconté plus tôt, les biopsies pratiquées lors de la bronchoscopie n'ont pas pu atteindre la tumeur, il faut donc ponctionner, en passant entre deux côtes pour atteindre la masse. La bronchoscopie aura quand même eu pour intérêt de ne pas mettre en évidence d'autre lésion bronchique.
Le pneumologue et moi nous sommes demandés, compte tenu de la position de la masse, barrée par l'omoplate en arrière, si le radiologue va pouvoir trouver une voie d'accès sans danger.
J'ai prévenu de l'incident précédent avec l'iode. On m'a prescrit une préparation antiallergique différente. Je rentre une nouvelle fois en clinique, à jeun depuis la veille.
L'aide-soignante teste mes urines à la bandelette : présence d'hématurie, de protéinurie également. L'injection lors du scanner aurait-elle un peu plus déglingué mes reins, déjà touchés par mon hypertension, peut-être par les précédentes injections de produits iodés, voire par la BCG-thérapie d'il y a huit ans ?
L'attente est longue... J'ai le temps de terminer un livre de Pierre Magnan, d'écouter un peu de musique classique quand enfin vient mon tour. On me descend dans mon lit jusqu'au service de radiologie. Un manipulateur à qui je dis avoir été piqué plusieurs fois au pli du coude gauche et à qui je suggère d'utiliser une veine au poignet du même côté, essaie de la piquer, elle claque... Une manipulatrice me pique alors au pli du coude, puis on me fait installer, couché sur le côté droit, bras gauche par-dessus la tête. Scanner de localisation, marque de repérage pour la ponction, injection intraveineuse d'un analgésique, puis, à la demande du médecin radiologue, d'un produit relaxant dont je n'ai nul besoin... pendant qu'il injecte un anesthésique local puis enfonce le trocard qui lui permettra ensuite de prélever des fragments de cette tumeur. Légère douleur, très fugace, lorsque le trocard perfore la tumeur, puis plus rien, sauf le cliquetis de la fermeture de la pince à prélèvements. C'est fini, scanner de contrôle, tout va bien, le pansement est fait, je retourne dans mon lit, on vient me chercher et on me ramène dans ma chambre.
Le radiologue m'a informé que je risque de cracher du sang et demandé de rester le plus immobile possible pendant quelques heures pour limiter les risques d'hémorragie.
J'ai le temps de cogiter : il faudra que je fasse un examen d'urines pour confirmer ou infirmer protéinurie et hématurie... Je repense aussi au TEP Scan qui a montré une fixation non tumorale au niveau du colon droit : ne seraient-ce pas les bactéries responsables de mes ballonnements qui auraient pompé le produit comme elles le font du sucre sanguin ? J'ai toujours pensé que les gaz provenaient des matières alimentaires présentes dans le colon, mais pour avoir déclenché des crises de ballonnements très tôt après certains repas, les aliments ingérés étant encore dans l'estomac, ça ne pourrait manifestement pas être eux qui provoquent ces gaz, seulement l'éventuelle augmentation de glycémie qui suit leur ingestion et leur début de digestion ! Mon idée est-elle juste ?
L'après-midi me semble interminable ! Je lis Regain de Jean Giono, que je finirai vers 20 h. Un livre en une après-midi, ça fait longtemps que ça ne m'était pas arrivé ! J'écoute de la musique classique. Lire est cependant difficile, car le cathéter a été placé un peu trop haut et me fait mal lorsque je plie le coude, je suis obligé de tenir le livre uniquement avec la main droite... Je n'ai pas du tout l'impression de cracher du sang, je tousse peu.
Vers 16 heures, un yaourt nature et une compote de pommes (je rappelle que je suis à jeun depuis la veille au soir) me sont apportés dans l'attente du repas qui sera servi à 18 heures. Je laisse le velouté de brocolis (assez de ballonnements comme ça !), j'avale quelques tranches de courgettes bouillies et sautées avec persillade, la tomate farcie n'est pas mauvaise. Puis j'ose avaler le fromage fondu (je m'étais pourtant juré de ne plus en manger !) dont la consistance épaisse est agréable par rapport à mes souvenirs de lycée. Je finis sur un yaourt à la fraise.
18 h 30 : plus rien à faire... le temps est long ! Je commence à somnoler.